Convention ? Non à un "copier-coller" de celle de 1991

Publié le par sammy rasolo

 OUF!  Reprise des ministères 
 Hier, nous nous sommes demandés si la grande masse légaliste peut encore compter sur l'Armée ?
     La réponse est "oui". On peut pousser un ouf de soulagement. Les Forces de l'ordre ont repris les batîments publics laissés aux insurgés. Manifestement, elles ont reçu une consigne: laisser faire et puis, reprendre quand il y aura moins de monde. La question qui se pose est celle de savoir si, malgré tout, Andry Rajoelina va continuer ses "prises" de ministère. Il est clair maintenant que Marc Ravalomanana ne va pas se laisser faire.  En fait, on attend qu'il fasse plus: rétablir l'ordre public. Et si, en ce sens, un dialogue doit se tenir, le camp de TGV ne doit pas pouvoir imposer ses conditions en "tenant en otage" le peuple malgache par une escalade dans la pagaille .
 
Schema du 31 octobre 1991? Non souhaitable
    Le Conseil des Eglises (FFKM) propose, semble-t-il, une "convention" proche de celle du 31 octobre 1991.
     On se souvient que cette convention avait maintenu Didier Ratsiraka à la Présidence de la République mais à côté, une "Haute Autorité de l'Etat" presidée par Zafy Albert avait été mise en place. Guy Razanamasy dirigeait un "gouvernement d' union nationale" dont la principale mission était d'organiser des consultations électorales. Richard Andriamanjato et Manandafy Rakotonirina présidaient le CRES, un conseil économique et social, qui n'avait qu'un rôle consultatif et un pouvoir de propositions. L'Assemblée nationale (ANP) était suspendue. La "Convention" qui, par consensus, était devenu le texte fondamental, organisait la transition vers la troisième République. Et actuellement, Madagascar est toujours dans la troisième République même si la Constitution, depuis son adoption par reférendum, a fait l'objet de nombreux amendements plus ou moins importants.
     La conséquence, sur le plan économique, était que sous la transition, tous les programmes d'ajustement structurel conclus avec les institutions de Bretton Woods avaient été suspendus. Et même après l'élection de Zafy Albert à la tête de l'Etat et la formation de son premier Gouvernement, dirigé par Feu Francisque Ravony, ces programmes n'avaient  pas repris en raison d'une démarche initiée par les autorités de l'époque et qui tendait vers l'acquisition de prêts (de deux milliards de dollars) par un circuit autre que celui du FMI et de la banque mondiale. Et ce n'est que quelques années plus tard qu'un gouvernement, également de transition (après l'empêchement de Zafy Albert), dirigé par Norbert Lala Ratsirahonana, a réussi à conclure de nouveaux accords d'ajustement avec les institutions de Bretton Woods. Et de 1991 à 1996, Madagascar a connu une période assez sombre sur le plan économique: croissances négatives et nulles se suivaient.

Madagascar, plus visible dans les classements internationaux
     D'où, un tel schema n'est plus récommandé. Peut être que seule une petite partie de la population a béneficié de la croissance économique (aucune étude n'a été réalisée sur la rédistribution de la croissance du PIB) sous la présidence de Marc Ravalomanana mais toujours est-il que les réalisations sont quand même tangibles. Il vaut mieux avoir des résultats positifs, quitte à corriger ensuite en faisant plus de social, que ne rien avoir du tout.  Et d'ailleurs ces derniers temps, Madagascar commençait à être visible  dans les classements internationaux. Ainsi, le "New York Times" place Madagascar dans les 41 destinations les plus visitées au monde (303800 visiteurs en 2008, contre 278836 en 2007). Et ce journal connu mettait (helas, ce classement est intervenu avant la crise actuelle) la Grande Ile à la 38ème place des destinations récommandées. En outre, au niveau de l'évolution de la croissance du PIB, Madagascar était 4ème en Afrique subsaharienne, après le Mozambique, le Nigeria et le Burkina Faso.  Les taux de croissance sous la présidence de Marc Ravalomanana étaient de 5,3% en 2004, 4,6% en 2005, 4,9% en 2006, 6,3% en 2007 et plus de 7% en 2007 et en 2008.
     Pour que les activités puissent reprendre et pour que les acteurs économiques puissent retrouver leur élan, il convient de ne plus opérer de trop grands bouleversements au niveau des institutions de l'Etat. Une mise "entre parenthèses" de la Constitution n'est plus souhaitable. La priorité est le rétablissement de l'ordre public qui, lui-même, passe par la stabilité politique. Comment avoir cette stabilité politique ?
     Il faut un dialogue bien sûr. Et pour cela, il faut que l'on sache les conditions de Andry Rajoelina pour qu'il arrête son oeuvre de destabilisation. Ces conditions ne doivent pas être irréalisables non plus. Entre autres, il n'a aucune legitimité qui lui permet de demander le départ de Marc Ravalomanana.


     
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