Aucune légitimité à tirer de ce reférendum

Publié le par sammy rasolo

                     Avec les conditions qui prévalaient avant  et au cours de ce prétendu reférendum, il était possible de faire adopter n'importe quel texte. D'abord parce que l'abstention n'est pas prise en compte dans la validation ou l'invalidation des résultats du scrutin. Ensuite parce que les abstentionnistes n'avaient pas le droit de faire campagne. En outre, ceux qui ont choisi le "Non", comme on s'y attendait, n'ont pas pu réellement disposer d'une réelle liberté d'expression. Enfin, malgré les lois et les règlements, les autorités de fait ont usé des prérogatives de puissance publique pour, officiellement,  sensibiliser les "citoyens" sur la nécessité d'aller voter mais, sur cette question , personne n'était dupe. En pratique, ils s'étaient lancés dans une intense campagne pour le "Oui". Il fallait être soit aveugle, soit de mauvaise foi, pour soutenir le contraire. Malgré tout,  la moitié (plus de 47% selon les résultats officieux)) des électeurs n'ont pas cru utile de voter. Et sur les suffrages exprimés, 70% ( soit, environ, 36% de la population en âge de voter) se sont prononcés pour le "Oui".  Ainsi fut adopté ce texte censé donner naissance à la quatrième République. 

 

                    Cas Ranjeva ? En voie de règlement ?

                    Bien sûr, les hâtifs ne manqueront pas de crier victoire. Ils ne se sont jamais distingués ni par leur modestie, ni par la pudeur. Dans leur logique, seul l'argent de Marc Ravalomanana peut expliquer toute opposition à leur "marche ou crève ". Jusqu'à maintenant, personne ne semble en mesure de stopper leur unilatéralisme. Les mesures de rétorsion de la communauté internationale font mal au pays mais pas aux autorités de fait. EIles ont trouvé la parade: les bois de rose et les royalties des compagnies chinoises qui leur permettent non pas uniquement de survivre mais aussi de donner le change en faisant du social: les "tsena mora" et les "trano mora". Le message tronqué destiné aux malheureux Malgaches est simple: la communauté internationale vous abandonne tandis que nous, nous agissons pour vous.  Les trois mouvances sont pieds et poing liés face à une repression aveugle. Et Tgv est même en train de régler le cas "Ranjeva Raymond". Ce brillant universitaire, ancien juge international, qui a decidé de ne pas se taire, ne peut que le gêner. La récente "mutinerie" de quelques officiers était l'occasion rêvée. Il faut y impliquer Ranjeva Raymond. Puisqu'il est assez difficile de maintenir ce dernier en détention ne raison de ses multiples engagements dans divers organismes internationaux, les tégévistes essaient de le neutraliser en le privant de sortie extérieure. La force de Ranjeva Raymond réside en effet dans ses relations avec le monde extérieur. Frappé d'IST ou "interdiction de sortie du territoire", il deviendra inoffensif, pense-t-on.  Il y aura des récriminations mais elles n'émeuvent plus les dirigeants putschistes actuels. Ils y sont habitués. Ce ne sera pas la première fois qu'ils feront face aux prises de position de la SADC, de l'Union Africaine, de l'Union Européenne, d' "Amnesty International"  et des organismes de défense des droits de l'homme. Ces réactions ne seront, une fois de plus, qu'une tempête dans un verre d'eau pour les dirigeants de fait.

 

                  Réconnaissance ? L'histoire a sa mémoire 

                   Les autorités de fait n'ont pas encore renoncé à essayer d'obtenir la réconnaissance internationale, malgré leurs multiples déclarations. On leur demande la consensualité et l'inclusivité. Elles, elles veulent garder intact leur pouvoir acquis de manière illégitime et illégale et ont une version très personnelle de la notion de consensualité. Pour elles, il s'agissait de convaincre, par des moyens qui ne sont pas toujours moraux,  des personnalités de l'opposition de verser dans la dissidence par rapport à leurs mouvements et de réjoindre le pouvoir. La communauté internationale, elle, est restée ferme dans sa position: consensualité signifie accord avec les principales mouvances protagonistes et non pas avec des dissidents. Les tégévistes ont alors changé de stratégie: prouver par la voie électorale qu'ils ont l'adhésion des Malgaches. Mais ils vont aussi déchanter. La SADC a déjà déclaré officiellement qu'elle ne réconnaît pas le reférendum. L'Union Européenne, elle, bien avant le scrutin, a déjà, tout aussi officiellement, refusé d'envoyer des observateurs. Et même l'OIF, l' "organisation internationale de la francophonie" qui, habituellement, est l'instrument de la Francafrique dans la légitimation des régimes illégaux, a, elle-aussi, refusé de se prêter au jeu. Alors, il est clair que ce n'est pas par des élections organisées de manière unilatérale que les autorités obtiendront la réconnaissance internationale. Il est inutile de se faire des illusions. Soutenir que Marc Ravalomanana avait obtenu cette réconnaissance suite à une élection législative est aussi historiquement inexacte. Marc Ravalomanana, en 2002, l'avait obtenue suite à une double démarche: d'abord, l'action devant la Chambre admnistrative de la Cour Suprême de l' époque et qui tendait à faire tomber la HCC; ensuite, l'envoi de la troupe pour briser le "blocus" contre Antananarivo et les tentatives de sécession. Les tégévistes ne doivent pas se faire des illusions. On se souvient que les Etats Unis et la Suisse avaient été les premiers à avoir réconnu la légitimité de Marc Ravalomanana à la suite du récomptage des voix par une HCC revenue à sa composition d'avant les présidentielles. Déformer l'histoire pour servir sa cause est malhonnête. Et la mauvaise foi, jusqu'ici, n'a pas encore payé. Du moins sur le plan international. 

 

PS: Je reprends avec plaisir ma plume. J'ai arrêté pendant quelques mois pour des raisons personnelles trop longues à expliquer. Je m'excuse auprès de mes lecteurs que j'espère retrouver. Mais déjà, je précise d'avance que les mêmes raisons pourront m'empêcher d'être régulier au niveau de la fréquence.      

 

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N
<br /> faly fa tafaverina ihany enao izany... mirary soa fa mila olona toa anareo foana ny firenena ee... ny web sisa no ahafahana manala vokona fa tena marikoriko reto fat reto. mais comme tu dis, la<br /> question n'est meme pas s'ils vont partir de la ou non, mais plutot si ils vont sortir en paix ou pas... heureusement que tsy milamina be ny fiainana ho andry zareo na izany aza..<br /> <br /> <br />
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R
<br /> En souhaitant une reprise définitive de vos fructueux apports. Bon retour!<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Welcome (again)...<br /> Les malagasy ont besoin de combattants fussent_ils du stylo. Tous les articles qui résument clairement la situation sont précieux.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Bjr Sammy, Ravis de votre retour parmi nous!<br /> Nous sommes un groupe d'individus d'horizons différents mais ayant la particularité de nous soucier de l'avenir de Madagascar. Nous contribuons à notre manière à informer non seulement les<br /> malgaches, mais tous les amis de Madagascar pour que notre pays ne sombre dans l'oubli.<br /> Nous vous remercions pour vos contributions éclairées.<br /> http://Madagascar-Resistance.blog4ever.com<br /> <br /> <br />
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A
<br /> bonjour Sammy, toujours à votre écoute...A Madagascar tout est "permis" avec l'argent,faut-il encore en avoir pour maintenir son pouvoir dans le temps, sinon il y' a toujours la répression, la<br /> dissuasion et autres pratiques du même genre pour faire un peu d'économie. Ce gouvernement de transition qui dure a bien cette intention de renforcer sa puissance financière par tous les moyens<br /> sous couvert d'une mascarade référendaire-couteuse (trafic institutionnel) pour valider leur présence. Franchement "une transition qui dure aussi longtemps" et qui nous change la constitution à sa<br /> guise... ce n'est pas normal,...ce n'est pas légal<br /> <br /> <br />
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