"Raimandreny Mijoro". Pessimisme inévitable
"Raimandreny mijoro". Pourquoi pas ? Mais feront-ils mieux que le FFKM ? Qui, plus que les religieux , auraient pu être acceptés comme désintéressés par rapport à leurs propres avantages mais très soucieux quant aux intérêts de la nation et servir ainsi de médiateurs crédibles ? Le FFKM a échoué dans sa médiation d'abord parce qu'un chef d'église, sans l'avoir avoué expressément, a épousé la cause de ceux qui n'étaient qu'insurgés à l'époque et ensuite, parce que ces insurgés ont réussi à faire basculer l'armée dans leur camp et n'ont plus estimé nécessaire de poursuivre les négociations. Ils n'ont repris lesdites négociations que quand ils se sont rendus compte que la communauté internationale ne leur réconnaît aucune légitimité. Mais malgré les menaces et les débuts de sanctions, ils tiennent à leur "pouvoir absolu" arraché de force. Leur chef s'est permis de renier son engagement pour rester seul maître à bord du bâteau Madagascar. Alors, on ne peut être que dubitatif sur les chances que les membres du "Raimandreny Mijoro" ont de se faire écouter.
Il ne faut pas se voiler la face: ceux qui detiennent la clé de résolution de la crise sont les tégévistes. Tout simplement parce que, jusqu'à maintenant, ils contrôlent l'armée. C'est leur principal argument de persuasion d'ailleurs. Leurs brutalités et leur violence, à chaque occasion, nous le rappellent. Ce sont eux qu'il faut convaincre d'accepter un consensus. L'autre camp, celui des trois mouvances, et principalement Marc Ravalomanana, dispose du soutien de la communauté internationale. Il faut être aveugle pour ne pas le voir. Mais apparemment, ce n'est pas suffisant pour obliger les premiers à lâcher un peu de leur pouvoir pour une formule consensuelle. Alors, quel atout ces "Raimandreny" ont en plus, par rapport au FFKM et au GIC pour réussir à convaincre les tégévistes ? Je ne pense pas que le fait qu'ils soient Malgaches soit un argument dont les putschistes tiendront compte. Ces derniers se basent uniquement sur les rapports de forces pour céder ou refuser des propositions. L'expérience l'a maintes fois montré. Andry Rajoelina ne va pas partager ses pouvoirs pour les beaux yeux de ces Raiamandreny. Et d'ailleurs encore faut-il qu'ils comprennent d'ailleurs que c'est plus du côté des putschistes qu'il faut demander des concessions puisque déjà, de l'autre côté, on accepte la dissolution de l'assemblée nationale et du sénat; on accepte que Tgv reste président de la transition et à un certain moment, on était même prêt à discuter sur l'opportunité ou l'inopportunité des deux vice-présidences prévues par les Accords de Maputo, on accepte que sa mouvance ait le plus de ministres au gouvernement. Objectivement, qu'est-ce qu'on peut demander de plus aux autres mouvances ? D'accepter trois ministères et d'avaliser l'actuelle transition ?
Les tégévistes repètent à l'envie qu'il faut une solution malgache à la crise mais jamais, jusqu'ici, ils n'ont été capables de dire en quoi les Accords de Maputo sont contraires à la philosophie malgache. C'est plutôt la violence et la loi du plus fort qui sont contraires à cette philosophie. Or, il faut être réellement de mauvaise foi pour ne pas réconnaître que, la violence et la loi du plus fort, les putschistes en usent et en abusent. Alors bon courage aux "raiamandreny". Pour se faire écouter, ils auront plus bésoin de bâton que de carotte. Or ils n'en ont pas.