Issue à la crise: d'autres assises et le départ de Andry Rajoelina

Publié le par sammy rasolo

                        La seule issue à la crise, si l'on cherche à restaurer un climat d'apaisement, ne peut être que consensuelle. Il n'est plus possible que Marc Ravalomanana revienne au pouvoir et que le pays se remette à fonctionner comme avant mais par contre, il n'est pas non plus possible que le pays soit géré par un putschiste et que le peuple continue à vaquer à ses occupations quotidiennes comme si de rien n'était. D'où, il faudra bien qu'un jour ou l'autre, tous les protagonistes se retrouvent de nouveau autour d'une table pour définir ensemble la structure de la transition qui organisera les différentes élections incontournables pour que Madagascar puisse retrouver une stabilité politique. Les assises qui se sont tenues à Ivato les 2 et 3 avril n'étaient qu'une rencontre entre partisans de Andry Rajoelina. Les récommandations qui en sont sorties ne lient personne d'autres que le camp TGV. Pour qu'il y ait de vraies assises, il faut qu'elles soient organisées par une entité neutre et que toutes les décisions qui en sortent soient prises de manière consensuelle. Et surtout, il faut que ces vraies assises définissent la structure d'une autre transition et nomment les membres des institutions  qui seront retenues. En un mot, il faut que le président autoproclamé de la hat abandonne ses pouvoirs (d'ailleurs usurpés) au cours de ces assises et accepte  une autre  transition.
 
                                                     AMBOHIJATOVO. LENTEMENT MAIS SUREMENT
                        Le climat d'apaisement ne sera possible qu'à cette condition. Le fait qu'il est soutenu par les brutes soldatesques du Capsat ne doit pas faire oublier à Andry Rajoelina comment il a justement obtenu ce soutien. Et s'il ne l'oublie pas, il doit comprendre que son pouvoir est tout ce qu'il y a de précaire. Il n'est absolument pas à l'abri d'un retournement de situation. Et déjà, même si en apparence, le mouvement des "légalistes", toujours populaire malgré les repressions, semble bloqué dans son évolution, il est en train de s'étendre, lentement mais sûrement. En effet, la grève à la Banque centrale  n'est pas liée au mouvement d'Ambohijatovo mais ils se réjoignent plus ou moins dans leurs objectifs: s'opposer aux despotes qui usurpent  les pouvoirs. A la différence qu'officiellement, Ambohijatovo veut la chute de Andry Rajoelina et le personnel de la Banque centrale quant à lui veut que son autonomie soit respectée et qu'il ne fasse plus l'objet de menaces et d'intimidations.
 
                                         REOUVERTURE DE TIKO: DES QUESTIONS EN SUSPENSE
                         Menaces, intimidations et mesures arbitraires ? Ce sont les mêmes raisons qui avaient amené les dirigeants de TIKO, rappelons-le, à annoncer la fermeture de leur société. Mais maintenant, Andry Rajoelina, plus precisément son "ministre des finances", veut négocier la réouverture de cette société. Manifestement, les putschistes se sont rendus compte qu'ils ne pourraient pas gérer la désorganisation du circuit et du marché des produits de première nécessité. Vendre des produits à perte est facile quand ils ont été volés mais rédemarrer une économie complètement "cassée" est autre chose. A plus ou moins court terme, les pénuries étaient attendues. Sans compter qu'ils auraient eu également à gérer la destruction de 3500 emplois directs, autant d'emplois induits, et la survie des paysans fournisseurs de TIKO. Mais la reprise des activités du groupe ne se fera pas facilement. La plupart de ses infrastructures ont été pillées, saccagées et vandalisées. Qui prendront en charge les coûts de la réconstruction ? Surtout que le "ministre des finances" réclame le paiement des arrierés fiscaux du groupe qu'il chiffre à 1900 milliards d'ariary. Le chiffre est à prendre avec précaution. Le "ministre" doit rendre public les documents qui lui ont permis d'établir ce chiffre pour qu'on puisse juger s'il est réel ou non.  En tout cas, une question se pose: est-ce que les putschistes sont en mesure de protéger TIKO contre les  "défoulements" des excités qui sont légion dans leur camp, à commencer par "leurs" militaires ? Il est sérieusement permis d'en douter. 
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