SEFAFI: légitimation de tous les excès et abus

Publié le par sammy rasolo

                    Un mouvement populaire, pour accéder aux pouvoirs, emprunte nécessairement une voie extraconstitutionnelle, affirme le SEFAFI. Si c'est le cas, il faut aller au bout de cette logique. Il ne fallait pas essayer de justifier le coup d'Etat perpétré par Andry Rajoelina par des arguments juridiques. Et ensuite, le SEFAFI doit préciser également à partir de quel seuil de prétendues violations de la Constitution, un coup d'Etat devient legitime. Mais surtout, faut-il  faire abstraction des rapports de forces numériques quand il y a eu des prétendues violations de la Constitution ? La question, autrement posée, est : si la majorité de la population souhaite qu'un dirigeant reste et ne voit pas du tout les violations de la Constitution, quelques milliers de manifestants ont-ils le droit de décider à leur place et pérpetrer un coup d'Etat ?
                     Il appartient au SEFAFI de répondre à toutes ces questions. Pour l'auteur de ces lignes, le coup d'Etat fait beaucoup plus de mal, et largement, que du bien au pays. Madagascar se trouve dans une sérieuse crise conjoncturelle qui risque de le faire basculer dans la guerre civile sans aucune garantie que les pratiques dénoncées par le SEFAFI disparaîtront. Une chose est sûre: elles n'ont pas encore disparu avec la chute de Marc Ravalomanana. Nous ne nous opposons pas à un changement de régime mais que ce changement soit vraiment desiré par le peuple et non par une foule. Andry Rajoelina, quand il était encore dans la contestation, n'a jamais réussi à faire d'Antananarivo une ville morte. Il n'a jamais réussi non plus à faire respecter son mot d'ordre de grève générale. Alors on était en droit de s'interroger sur la legitimité de son mouvement. Comme on est toujours en droit de se demander si sa transition est soutenue par la majorité des Malgaches. Nous, nous trouvons que c'est non.  Mais peut être que nous avons tort. Le seul moyen de départager les opinions contradictoires sur cette question est un reférendum ou une élection. Mais une élection qui doit  se conformer aux conditions objectives de neutralité et d'impartialité.
                     Par ailleurs, si le SEFAFI est logique avec lui-même, il ne devrait pas se poser des questions sur les destitutions d'autorités élues et leurs remplacements par des PDS. En effet, si on soutient qu'un "mouvement populaire" ne doit pas s'embarrasser de l'ordre constitutionnel, ce même mouvement ne devrait pas non plus s'embarrasser des lois et règlements ( des textes moins importants que la Constitution dans la hiérarchie des textes) pour destituer et remplacer les autres élus de la République.
                     La prise de position du SEFAFI est une porte ouverte à tous les excès et à l'anarchie. Si Andry Rajoelina est arrivé là où il est, c'est grâce au soutien du Capsat et grâce à des marchandages occultes et non pas du tout grâce à un elan populaire incontenable. Il est temps de lui faire comprendre la vraie signification de la démocratie: pouvoir du peuple. Et le peuple désigne ses représentants par voie électorale.
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